AA.VV.: (Bérard-Azzouz, Odile - Ugolini, Daniela dir.), Musée de l’Éphèbe. Archéologie sous-marine, Agde, couverture cartonnée à rabats, 17x24 cm, 160 p., ill. couleurs, 20 euros
(Mairie d’Agde, Agde 2008)
 
Compte rendu par Yves Roman, Université Lyon 2
 
Nombre de mots : 622 mots
Publié en ligne le 2010-02-26
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=885
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          C’est un réel bonheur que de consulter ce catalogue du Musée de l’Éphèbe à Agde, même si celui-ci est fondé sur bien des malheurs d’autrefois, dus tout simplement à la (mauvaise) fortune de mer. C’est que, dans le passé, y compris le plus récent (ce que montre l’épave de la corvette Le Rhône, lancée au Havre le 4 mai 1805, qui finit ensablée sur la plage de Marseillan, entre Sète et Agde, dans la nuit du 21 au 22 janvier 1836) doubler le cap d’Agde ne relevait pas toujours de l’évidence. Cet ouvrage est donc le fruit d’une exploration méthodique des plages et fonds sous-marins proches, grâce à un instrument merveilleux, ce scaphandre autonome de plongée, mis au point en 1943 par un ingénieur génial (Émile Gagnan) et un officier de marine bientôt promu à la célébrité (Jacques-Yves Cousteau).

 

          Même si le musée de l’Éphèbe donne à voir des objets d’époque moderne, comme les canons de fabrication anglaise de l’épave de la Soullière, datée de 1693, ou ceux, fleurdelysés, de l’épave Brescou II, ou, sur un autre registre, ces céramiques vernissées de provenance régionale (productions du Lauragais, de Saint-Jean-de-Fos), voire des céramiques pisanes, la majeure partie des découvertes relève de l’Antiquité. Bien évidemment la pièce maîtresse de ce trésor est l’éphèbe d’Agde mis au jour le 13 septembre 1964 par J. Fanjaud sur le gisement « Dolium II » daté du IIe s. av. J.-C. et considéré comme évoquant le style du sculpteur Lysippe de Sicyone. Ce bronze, justement célèbre, est aujourd’hui connu dans le monde entier. Ce qui l’est beaucoup moins, en raison de la date récente de sa découverte par N. Figuerolles le 26 décembre 2001 près de Marseillan, c’est ce bronze représentant un enfant, royal sans nul doute, en qui certains ont vu, un peu vite sans doute, Césarion, ce fils de Cléôpâtre et de César (la paternité de ce dernier est aujourd’hui sûre grâce à des inscriptions hiéroglyphiques). Enfant royal, l’affirmation semblera étonnante faute d’une quelconque inscription. Pourtant l’ensemble des vêtements et attributs du petit personnage (moins de six ans très probablement), d’une belle complexité, semble bien aller dans ce sens. Car son manteau est une « chlamyde » macédonienne, un manteau militaire donc, tandis que l’enfant porte des boucles d’oreilles, comme les souverains orientaux, ses pieds étant, ce qui est rare, chaussés de sandales complexes, avec à la cheville droite un bracelet en forme de serpent enroulé, lequel évoque Éros, comme la tresse également enroulée, qui, de manière étonnante, comporte un foudre gravé. La chlamyde renvoie, bien évidemment, à la Macédoine, le foudre à Zeus et les deux traits noirs au coin des yeux à l’Égypte. De ce fait, le regretté Claude Rolley, auteur de la notice, a été tenté de remonter à la cérémonie de 34 av. J.-C. au cours de laquelle Césarion fut associé au règne de Cléopâtre, mais c’est pour l’écarter, parce que Césarion avait treize ans à cette date et parce que la statue d’Agde ne porte pas de couronne. Or, même si l’on ne cherche pas, à sa suite, à « caler » le tout sur cette date de 34 av. J.-C., il faut rappeler que l’enfant d’Agde avait autour de six ans, âge auquel Césarion était déjà roi. L’absence de couronne, ou de trace de couronne, semble donc dirimante. Pour compléter cette trop rapide évocation, on mentionnera un Éros, aujourd’hui démembré, illustrant peut-être le « rococo » hellénistique, une aile de victoire trouvée à cent mètres de l’éphèbe, et, bien entendu, une foule d’amphores de tous types pour lesquelles le musée d’Agde est connu depuis longtemps. En guise de conclusion, très incomplète d’ailleurs, un catalogue modeste dans son étendue, mais bien fait et passablement suggestif.