AA.VV.: Le sud de la Pévèle. Architectures de la Campagne habitée,
Collection nationale Parcours du patrimoine (Parc naturel régional Scarpe-Escaut - Service de l’Inventaire général du Patrimoine). 64 pages, 100 illustrations, format 11 x 22 cm, ISBN 978-2-914528-71-9, 6,50 euros (Editions Lieux Dits, Lyon 2009)
Rezension von Alain Salamagne, Université François-Rabelais, Tours
Anzahl Wörter : 884 Wörter Online publiziert am 2010-05-25 Zitat: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=848
Ce petit ouvrage de 64 pages est
le fruit des regards croisés de différents acteurs institutionnels (Inventaire
général, Parc naturel régional Scarpe-Escaut Nord, Conseil d’Architecture
d’Urbanisme et de l’Environnement du Nord) intervenant dans le cadre du
programme de valorisation du patrimoine bâti du Parc naturel régional.
Dans un premier temps les auteurs
brossent le cadre général de la
Pévèle (pages 1 à 17), dans un second temps, ils proposent un
parcours autour des 10 communes situées au nord-ouest du Parc naturel et qui se
trouvent ici concernées.
La Pévèle (actuel département
du Nord), est une région naturelle circonscrite historiquement au sud par le
comté de Hainaut, au nord par la
Flandre et le Tournaisis. Jusqu’à la Révolution française,
territoire aux mains des seigneurs de Mortagne et de la puissante abbaye de
Saint-Amand, il fut rattaché à la
France par le traité d’Aix-la-Chapelle (1668). Sur le plan
géographique, il s’agit d’une région ouverte, aux terres argileuses et humides propices à la culture, dont celle
du lin (la « Mer de Flines
» ou étang mentionné dès 1242 pour le rouissage
du lin). L’absence de carrières locales (sauf à Maulde, mais il est vrai qu’on
importait la pierre bleue de Tournai) explique le développement dès le début du
XVe siècle de l’industrie de la brique (dont témoigne le château de
Sars-et-Rosières). Il nous faut encore signaler l’existence d’un important
centre de production de tuiles à Flines-lez-Râches, parfaitement attesté dès le
XIVe siècle.
L’urbanisme y est linéaire :
développé le long des routes et des voies de communication, il peut néanmoins
présenter une structure dispersée à partir d’un centre.
L’habitat est constitué en
territoire rural par une maison longitudinale constituée d’une salle unique et
prolongée par un ou des bâtiments utilitaires (grange, écurie…). La typologie
des fermes est plus variée : la ferme en L juxtapose deux
corps-de-logis disposés en équerre, la
grange étant orientée vers la rue ; la ferme en U possède une cour
centrale entourée de trois corps de bâtiment, la grange étant toujours disposée
sur rue. Enfin les « censes » sont de grandes fermes à cour fermée,
exploitées pour une abbaye par un fermier ou censier, et aux nombreuses
dépendances. Ce modèle à cour fermée se prolonge au XIXe siècle.
L’essor industriel du XIXe
siècle, s’il n’a pas modifié le caractère rural de cette région, a néanmoins
fortement contribué à son développement en permettant, entre autres,
l’édification de bâtiments publics, œuvres d’architectes issus des écoles des
Beaux-Arts des villes voisines, Lille ou Valenciennes. Ces édifices,
parfaitement intégrés dans leur paysage (Mairie-école de Sars-et-Rosières,
1864, par Louis Dutouquet dont la carrière mériterait un travail de recherche
approfondi), sont restés fidèles à une tradition ancienne (brique et pierre).
Mais le XIXe siècle a vu naître aussi une typologie originale de
bâtiments, d’usage à la fois agricole et industriel, les
« fermes-usines » où la production agricole (betterave, orge,
houblon) se trouvait, grâce aux progrès réalisés par la mécanisation, transformée
sur place, pour être ainsi revendue sur le marché local ou régional ; ces
petites structures intégrées ont disparu après la Seconde Guerre
mondiale. Le XIXe siècle vit encore se multiplier les bâtiments industriels en brique (usines,
brasseries, tanneries..) dont on regrettera la destruction hâtive.
La typologie de la maison de
village est peu connue avant le XIXe siècle, période d’intense
reconstruction : simple unité d’habitation monocellulaire, sans étage, aux
murs de brique chaulés, elle s’enrichit alors de variantes, de la maison de
l’ouvrier industriel à celle du notable. Le dynamisme de la reconstruction des
années 1930 s’accompagna du développement d’un style néorégional qui allie
réminiscences flamandes et modernisme 1900.
Les églises furent reconstruites
au XVIIIe siècle : pour sept d’entre elles sur un plan à trois
vaisseaux séparés par des files de colonnes doriques : seules celles de
Flines-lez-Râches et de Saint-Maurice de Bouvignes conservent des vestiges plus
anciens (une puissante tour-porche datée de 1521 pour cette dernière).
L ‘église paroissiale de l’Immaculée-Conception, érigée sur les plans de
l’architecte Louis Dutouquet entre 1852 et 1859, possède des voûtes de briques
à nervures de pierre blanche qui retombent sur des colonnes en fonte creuse.
Les châteaux ont été détruits, à
l’exception de celui du Loir à Sars-et-Rosières – dont le plan est dans la
dépendance de la tour maîtresse de Vincennes-
érigé de 1401 à 1404 et qui constitue un exemple particulièrement
précoce d’une construction totalement en brique. On mentionnera enfin, pour
l’architecture militaire, le fort de Beurnonville à Maulde, fort de type Séré
de Rivières construit en 1880 sur la ligne de fortification de Lille à
Maubeuge, pour dominer la plaine de la Scarpe et de l’Escaut.
Ce Parcours du Patrimoine attire donc l’attention sur un habitat
modeste mais qui témoigne aussi du passé rural et industriel d’un ensemble de
communes rurales à l’écart des grandes métropoles. Nul doute qu’il contribuera
à sensibiliser élus et responsables de l’aménagement du territoire à la
préservation et à la valorisation de sites dont l’originalité n’est pas
toujours pleinement perçue.
Herausgeber: Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris Diese Webseite wurde konzipiert von Lorenz Baumer und François Queyrel. Realisation: Lorenz Baumer, 2006/7