Mandruzzato, Luciana (a cura di): Vetri Antichi del Museo Archeologico nazionale di Aquileia. Ornamenti e oggettistica e vetro pre- e post-romano (Corpus delle Collezioni del Vetro in Friuli Venezia Giulia 4). 191 p. : ill. ; 23 cm. ISBN(s)9788888018669, 9788888018836, 50
(Association Internationale pour l’Histoire du verre, Venezia - Editreg, Trieste 2008)
 
Compte rendu par Gaëlle Dumont, Université libre de Bruxelles
 
Nombre de mots : 1091 mots
Publié en ligne le 2010-08-20
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=822
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        Cet ouvrage – présenté sous forme de catalogue – est le troisième volume d’une série consacrée à l’inventaire systématique des verres du Musée archéologique national d’Aquilée, qui prend place dans le corpus des collections de verres de la région Frioul-Vénétie julienne. Les deux premiers volumes étaient consacrés aux verres de table, aux balsamaires, ollae et ciboires romains ; celui-ci porte sur les bijoux et les petits objets d’époque romaine, et sur les verres pré- et post-romains.

 

 

 

          La ville d’Aquilée a joui d’une importance capitale dès l’époque républicaine, son emplacement lui assurant le rôle de plaque tournante entre la Méditerranée et les régions rhénanes et danubiennes. Son prestige ne se dément pas après la chute de l’Empire, puisqu’elle sera le siège d’un des plus importants diocèses de l’Europe médiévale, le Patriarcat d’Aquilée, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Cette position stratégique depuis la République jusqu’aux Temps modernes explique le grand nombre, la grande variété et la qualité des découvertes qui y ont été faites.

 

 

 

 

          Les récipients antérieurs à l’époque romaine sont peu nombreux : il s’agit de sept vases miniatures (alabastres, amphorisques, aryballe et oenochoés) dont la datation s’échelonne du VIe au Ier siècle av. J.-C. Produits en Méditerranée orientale, ils sont largement diffusés dans tout le bassin méditerranéen. Le contexte de découverte des sept vases d’Aquilée est inconnu, mais ils faisaient probablement partie de dotations funéraires, étant donné leur très bon état de conservation.

 

 

 

 

          La seconde – et principale – partie du catalogue est consacrée aux petits objets et objets de parure d’époque romaine, classés de manière systématique : aiguilles, bagues, appliques décoratives (de meubles, de récipients, de bijoux…), bâtonnets (à onguents, ou miniatures de quenouilles à usage funéraire), bracelets, colliers de perles, phalère, fusaïoles, jetons de jeu, pendentifs, carreaux et plaquettes décoratifs, polyèdre et vases miniatures (dînettes et/ou vases funéraires).

 

 

 

          Les objets les plus courants et présentant les plus grandes variétés de formes sont les bagues, les bracelets, les perles et les pendentifs, ce qui permet aux auteurs d’en dresser des typologies précises. Notons que pour les colliers de perles, la plus grande prudence s’impose, les enfilages suivant parfois des critères esthétiques plutôt qu’une réalité de fouille : on retiendra le cas de ce collier composé de perles antiques et d’une autre datée de 1860 ! Il ne faut également pas perdre de vue le fait que des éléments périssables pouvaient être enfilés entre les perles. Chaque collier est décrit en détail, ce qui permet de mettre en évidence les éventuelles incohérences.

 

 

 

          Les aiguilles, les appliques, les bâtonnets, les plaquettes et les polyèdres sont par contre beaucoup plus rares, et leur utilisation est mal connue.

 

 

 

          La présentation des objets est particulièrement rigoureuse : pour chaque catégorie, une notice en précise les caractéristiques, le contexte archéologique quand il est connu, l’aire de dispersion, la datation et la bibliographie. Les typologies sont détaillées et proposent des datations assez fines, fort utiles pour l’étude de ce genre de matériel.

 

 

 

          En outre, chaque pièce fait l’objet d’une notice particulière, reprenant de façon systématique le numéro d’inventaire, la provenance, l’état de conservation, les dimensions, la couleur, la technique de fabrication, la description, la bibliographie, les comparaisons, l’aire de production et la datation. Une vignette en noir et blanc accompagne chaque notice.

 

 

 

 

          La troisième partie concerne les verres post-romains, en commençant par les vases de table, liturgiques et à usage médical. Cinq époques sont envisagées (VIe-XIIIe, XIIIe-XIVe, XVe-première moitié XVIe, seconde moitié XVIe-XVIIe, seconde moitié XVIIe-XVIIIe siècles). La longueur de la première s’explique par la pauvreté et la longue utilisation des formes rencontrées : le calice domine, accompagné de quelques ampoules et d’une bouteille. À partir du XIIIe siècle, les productions vénitiennes circulent de plus en plus et s’ajoutent aux productions locales ; les gobelets remplacent les calices et les formes se diversifient. Cette tendance s’intensifie à partir du XVe siècle, où l’on voit apparaître des imitations locales de verres vénitiens. La dernière période est par contre mal représentée, puisque seuls quelques éléments de carafes et décoratifs sont conservés.

 

 

 

          Viennent ensuite les lampes, classées par formes. Une distinction est faite entre les récipients conçus originellement comme des lampes (les seuls présentés ici), et les verres destinés à un autre usage réutilisés en lampes. Le verre à vitre est très peu représenté : un plat du Ier siècle ap. J.-C. réutilisé en cive, et une cive du XIIIe siècle.

 

 

 

          Ce chapitre est complété par des planches de dessins des verres, lampes et fenêtres les plus courants par époque, malheureusement pas à échelle et de ce fait difficilement comparables à première vue. Les notices descriptives, pièce par pièce, referment le chapitre.

 

 

 

 

          Une dernière partie, très courte, est consacrée au legs Pucailovic, constitué de 41 vases d’origines, de datations et de fonctions diverses. Seuls six d’entre eux sont présentés en détail : une coupe (IIe siècle av. J.-C. ?), quatre balsamaires (du Ier au Ve siècle ap. J.-C.) et une petite olla (IVe siècle ap. J.-C.), tous d’origine orientale.

 

 

 

 

          Quatre appendices abordent respectivement une mosaïque découverte à Aquilée en 1925, quelques plaquettes de revêtements muraux, les perles et deux boucles d’oreilles. Le chapitre consacré aux perles est particulièrement complet, puisqu’il présente une typologie précise – avec pour chaque type une notice descriptive complète – et des tableaux de répartition.

 

 

 

 

          Le point fort de ce catalogue est sa structure rigoureuse mais pas trop rigide, puisqu’elle est adaptée en fonction des époques envisagées. Les descriptions sont précises et ne laissent aucun élément de côté. La bibliographie est abondante, récente, et porte sur des sujets larges (sites, collections, objets spécifiques).

 

 

 

          Le principal regret porte sur les illustrations : de qualité très inégale, la plupart des photographies sont en noir et blanc, ce qui est presque un non-sens puisque le verre est un des matériaux qui offre la plus grande variété de teintes. Six planches en couleurs reprennent les pièces les plus emblématiques, mais elles sont également de qualité très moyenne. En outre, l’absence d’échelle implique le recours aux dimensions dans le texte, ce qui rend fastidieuse la comparaison entre les objets. Il faut toutefois saluer la présence de onze planches de bons dessins à l’échelle 1/2 : récipients pré-romains, bracelets, vases miniatures romains, récipients, lampes et verres à vitre médiévaux et modernes.

 

 

 

          En conclusion, ce catalogue ainsi que les deux autres volumes qui le précèdent constituent une référence utile pour qui étudie les verres romains, spécialement italiens.