Osanna, Massimo – Capruso, Annalisa – Masseroli, Sara Matilde (a cura di): I calchi di Pompei da Giuseppe Fiorelli ad oggi, (Studi e Ricerche del Parco Archeologico di Pompei, 46), VIII-560 / 568 pp., 253 ill. col., 91 ill. b/n, Paperback, 24 x 27 cm, ISBN: 9788891321169, € 160,00 (ouvrage accessible pour compte rendu en version numérique)
(« L’Erma » di Bretschneider, Roma 2021)
 
Reseña de Delphine Acolat, Université de Brest /Université de Bretagne Occidentale
 
Número de palabras : 1826 palabras
Publicado en línea el 2023-07-21
Citación: Reseñas HISTARA. Enlace: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=4279
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       Après une rapide introduction générale de Massimo Osanna sur le Grande Progetto Pompei et le renouvellement des études sur les moulages pompéiens, le livre est présenté en trois chapitres, l’un sur l’histoire de l’archéologie et la vulcanologie (158 pages), l’autre sur l’état actuel des moulages et leurs restaurations (166 pages), puis un troisième nettement plus court (22 pages) sur l’histoire de l’exposition muséale de ces moulages, auxquels s’ajoute un précieux et riche catalogue à la fin du volume (pp. 309-541).

 

       Dans la première partie, un ensemble d’articles met en contexte la découverte et la datation des moulages en reprenant des questions clés de l’histoire de l’archéologie pompéienne. Un premier article de G. Mastrolorenzo (pp 3-18) reprend un dossier souvent traité ces dernières années, celui du débat sur l’éruption de 79. L’article cite les modèles de référence, et la stratigraphie éruptive, les aires de diffusion des dépôts du nuage de cendres et lapilli, et des nuées ardentes, ce qui n’apporte rien de nouveau, mais ensuite, il remet ces données en relation avec les motifs de la mort des Pompéiens donnés au cours de l’histoire et les analyses scientifiques récentes des corps, publiées depuis les années 2000, et des comparaisons avec d’autres éruptions majeures de ces dernières années. Dans l’article suivant (pp. 19-28), les auteurs donnent le résultat de recherches inédites sur le squelette trouvé en Région V dans le vicolo dei Balconi, lors des nouvelles fouilles de 2018-2020. Outre l’étude du corps, l’approche vulcanologique menée pendant ces fouilles a permis de dégager une dynamique éruptive et d’étudier l’impact des phases éruptives sur le bâti de la maison dite d’Orion. M. Borgongino et G. Stefani reprennent (pp. 29-44) le dossier de la date de l’éruption à partir des manuscrits de Pline le Jeune, de Dion Cassius et de l’historiographie des interprétations des directeurs successifs des fouilles, rappelant notamment les découvertes de fruits et du moulage du tronc du laurier en 1889 par M. Ruggiero, qui lui firent déduire le mois de novembre. Les auteurs rappellent à juste titre les débats encore très récents sur l’hypothèse automnale et appuient leur discours avec des photographies précises des fruits carbonisés trouvés sur les sites, mais ne développent pas d’interprétation sur la nouvelle découverte de l’inscription au charbon dans la maison dite du Jardin en Région V, insula 3, pourtant largement médiatisée en 2018.

 

       Massimo Osanna (pp. 45-66) retrace ensuite avec une grande précision l’histoire des premiers moulages, l’invention de la technique par Giuseppe Fiorelli, avec les dossiers documentaires que constituent les photographies du XIXe siècle, qui ne furent jamais faites sur le lieu de découverte, en proposant plusieurs phases : 1863-1875, sous Fiorelli, puis « après Fiorelli », jusqu’à la Première Guerre mondiale. La médiatisation qui a eu lieu à partir de 1863 est scrupuleusement scrutée, avec de nombreux extraits de sources de l’époque, et l’aspect novateur est de citer systématiquement l’influence qu’ont pu avoir les moulages dans l’art contemporain, et les échecs sur certains corps. L’article retrace également l’histoire de l’exposition muséale qui fut faite des moulages jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, qui en détruisit certains lors du bombardement de l’Antiquarium en 1943. Les buts de catalogage et d’exposition lors du Grande Progetto Pompei, dont M. Osanna fut le directeur, à partir de 2014, ne sont pas oubliés. A. Capurso traite de la suite chronologique de l’histoire des moulages (pp. 67-98), à partir des années 1930 jusqu’aux années 1970, c’est-à-dire pendant ce que l’on appelle communément l’ère Maiuri, avec un riche dossier d’archives photographiques. La découverte du moulage « E » de la maison du Sacerdos Amandus (qui figure en couverture de l’ouvrage) et le dossier photographique des corps in situ sont passionnants, à l’exemple du no 28 ou des corps du Jardin des Fugitifs, montrés à leur découverte, puis ensuite présentés au public, ce qui, au passage, lui permet d’analyser le devenir des moulages sur les lieux de découverte. S. M. Masseroli traite ensuite (pp. 99-116) l’historique des moulages récents, depuis 1970 jusqu’aux années 2000, avec les cas célèbres de la maison du Bracelet d’or, notamment l’enfant no 53, mais aussi le groupe, moins connu, de la Porta di Stabia, laissé in situ avec les moulages des poutres du toit effondré, ou celui de la Porta di Capua, ayant été l’objet de passionnantes études anthropologiques méconnues. Les moulages de la villa della Pisanella et de la villa Regina à Boscoreale sont traités dans un article séparé par A. Capurso et S. M Masseroli (pp. 117-128). Les trois premiers, souvent laissés de côté, issus d’une villa malheureusement complètement réenfouie aujourd’hui, ont eu une muséalisation particulière (musée De Prisco), avant d’être joints aux autres dans l’Antiquarium, puis considérés comme disparus jusqu’à une redécouverte en 2015, et méritaient d’être l’objet d’une étude s’appuyant, à juste titre, sur des archives de fouilles (plans, dessins, photos) et publications de l’époque, et les mettant en relation avec des moulages des meubles trouvés sur place. Quant au porcelet de la seconde villa, il est aujourd’hui au musée de Boscoreale et sert de témoignage sur l’élevage dans la campagne pompéienne.

 

       M. Osanna, V. Amoretti et F. Coletti (pp. 129-147) entreprennent ensuite de présenter la méthode qui a prévalu dans la réalisation et l’étude des deux derniers moulages, ceux de Cività Giuliana, trouvés dans la pars rustica de la villa, et réalisés après celui du cheval (2018), en 2020. C’est dans leur passionnante approche pluridisciplinaire que l’on peut suivre pas à pas les chercheurs, qui ont mêlé les dernières technologies scientifiques et la méthode de Fiorelli, notamment avec l’examen par endoscope du squelette et des empreintes dans la cavité ouverte au-dessus du sternum, et des prélèvements partiels osseux, avant que l’on n’injecte le plâtre de façon traditionnelle. Les résultats des études osseuses (estimation de l’âge, état de santé) et des résidus de tissus sont absolument passionnants. La seule lacune est de ne pas signaler qu’une vidéo fut faite par la Surintendance et publiée en ligne, ce qui compléterait le suivi de la description de la méthodologie.

       

       L’article suivant traite des objets qui furent trouvés avec les moulages, voire incorporés dans le plâtre, comme une fibule. Puis les vêtements (avec l’analyse des types de fibres textiles) sont étudiés (pp. 139-144).

 

       La deuxième partie de l’ouvrage traite de la restauration des moulages et de leurs analyses très récentes. E. Lazer, à la tête d’une équipe, publie les résultats inédits des scanners (pp. 203-224) : fractures, analyse des os pour déterminer l’âge du défunt, lecture des éléments modernes insérés dans le moulage et des fixations, comparaisons intéressantes avec des morts de la Montagne Pelée en 1902 (p. 204), remises en question des interprétations du XIXe siècle sur l’histoire et les liens familiaux, jusqu’à des hypothèses de reconstruction faciale (p. 230). Un article de P.P. Petrone (pp. 241-252) propose aussi un rappel des dernières conclusions sur le cas des morts d’Herculanum, en particulier le squelette du collège des Augustales, avec son cerveau vitrifié (p. 249).

 

       La troisième partie de l’ouvrage traite de l’histoire de la muséalisation des moulages de façon très précise, appuyée sur des photographies d’archives précieuses. On retrouve ici des éléments déjà cités par M. Osanna dans son article précité, mais l’analyse historique est poursuivie jusqu’à nos jours, avec notamment des photos très récentes (2014-2015) de la redécouverte des anciens moulages que l’on croyait détruits, dans les Thermes du Sarno, et des conditions de conservation dans divers lieux de Pompéi, jusqu’à la grande campagne de 2015. L’article de V. Amoretti (pp.297-304) pose ensuite la très intéressante question de l’éthique de présentation des restes humains et les choix du Grande Progetto Pompei.

 

       Le très riche catalogue est composé de fiches par moulage. Il reprend la numérotation de l’ouvrage de référence d’E. Dwyer (2010), sauf pour les huit moulages perdus, en leur attribuant une lettre, ce qui instaure un décalage préjudiciable à la compréhension globale de l’historique. Pour les 93 moulages inventoriés, ce catalogue devient désormais une référence pour un chercheur : numéro d’inventaire, date de découverte, mesures précises, sexe, âge estimé, dates des restaurations, état aujourd’hui, résultats des récents analyses et scans, composition du plâtre et restes osseux, objets découverts avec le corps, lieu de conservation, bibliographie à jour, photographies anciennes et récentes. Seul le dossier photographique d’archives de chaque spécimen pourrait être plus complet : les archives photographiques sont à vrai dire seulement indicatives dans ce catalogue, et loin d’être exhaustives, et ne rendent pas assez compte de la richesse et de l’importance du corpus de photographies anciennes.

 

       Cet ouvrage de 560 pages, rédigé en italien (sauf un article en anglais), possède une très riche iconographie, d’excellente qualité. Chaque article est suivi d’une bibliographie très utile, car parfaitement à jour.

 

       Les données, actualisées par les récentes recherches lors de la campagne de restauration, sont précieuses pour la question de la mort dans les cités du Vésuve et la mise à jour des informations sur la stratigraphie éruptive. Certains articles ouvrent des perspectives très intéressantes sur l’histoire de l’archéologie, de la lecture des catastrophes, et des problématiques éthiques. Depuis la publication, il est à noter que le site de Pompéi a ouvert au public une gigantesque base de données, Open Pompei (https://open.pompeiisites.org/) qui saura sans doute nourrir une réflexion sur les lieux de découverte des moulages et les contextualiser encore davantage avec des photos des découvertes dans l’onglet « foto storiche » de chaque lieu.

 

 

Sommaire

 

Massimo Osanna. Introduzione, p. VII

 

I. Archeologia e vulcanologia (pp.3-202)

 

Giuseppe Mastrolorenzo. L'eruzione pliniana del Vesuvio del 79 d.C. Un'ipotesi interpretativa in merito alla morte dei pompeiani, 3

Valeria Amoretti, Alberta Martellone, Annamaria Perrotta, Claudio Scarpati, Teresa Virtuoso. Nuovi dati stratigrafici, tafonomici e vulcanologici dalla Regio V: il calco mancato dell'"ultimo fuggiasco", 19

Michele Borgongino, Grete Stefani. Quando accadde? Le diverse ipotesi sulla data dell'eruzione del 79 d.C., 29

Massimo Osanna. Le impronte della morte. L'invenzione dei calchi dei pompeiani, 45

Annalisa Capurso. I calchi delle vittime trovate tra gli anni Trenta e Sessanta del Novecento. L'umana tragedia in quell'immane catastrofe, 67

Sara Matilde Masseroli. I calchi recenti, dagli anni Settanta del Novecento al 2002. Una fedele istantanea di una immane tragedia, 99

Annalisa Capurso, Sara Matilde Masseroli. I calchi di Boscoreale, 117

Massimo Osanna, Valeria Amoretti, Francesca Coletti. I nuovi calchi di Civita Giuliana, 129

Annalisa Capurso, Sara Matilde Masseroli. Non solamente oggetti ma storie. I reperti associati ai calchi, 149

Francesca Coletti, Marco Galli, Sylvia Mitschke. I calchi per lo studio della cultura tessile a Pompei, 161

 

II. Indagini diagnostiche e restauro (pp. 203-274)

 

Estelle Lazer, Roberto Canigliula, Dzung Vu, Alain Middleton, Stijn Luyck, Giovanni Babino, Kathryn Welch. CT scans and X-ray analysis of the casts, 203

Llorenç Alapont Martin, Rosa Albiach Descals, Stephen Kay. Studio antropologico dei calchi da Porta Nola, 225

Elena Pilli, Martina Lari, Francesca Ametrano, Stefania Vai, Alessandra Modi, David Caramelli. Analisi antropologico molecolari sui calchi di Pompei, 235

Pier Paolo Petrone. Corpi umani come capsule del tempo, 241

Stefania Giudice, Giancarlo Napoli, Manuela Valentini. L'intervento di restauro nell'ambito del Grande Progetto Pompei, 253

Gianfranco Quaranta. Rilievo laserscanner e copie in 3D, 269

 

III. L’esposizione (pp. 275-308)

 

Pasquale Bucciero, Annalisa Capurso, Sara Matilde Masseroli. La musealizzazione dei calchi prima del Grande Progetto Pompei, 275

Valeria Amoretti. Per un'etica dei resti umani, 297

 

Catalogo dei calchi (pp. 309-557)

 

Annalisa Capurso, Sara Matilde Masseroli. Premessa al catalogo, 309

I calchi, 313

I calchi disperse, 541

 

Profilo autori (pp. 558-559)