Abert, Franck – Linlaud, Mathieu – Feugère, Michel : Guide pour illustrer le mobilier archéologique non céramique, 136 p. coul., ISBN : 978-2-35518-118-4, 30,00 €
(Mergoil, Dremil-Lafage 2021)
 
Reseña de Daniel Morleghem
 
Número de palabras : 2014 palabras
Publicado en línea el 2023-02-06
Citación: Reseñas HISTARA. Enlace: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=4221
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       Ce Guide pour illustrer le mobilier archéologique non céramique, de 133 pages au format A4, a été rédigé à six mains par F. Abert (Archéologie Alsace), M. Linlaud (UMR 7041 ARSCAN, Université Paris Nanterre) et M. Feugère (UMR 5138 ArAr). Il résulte d’une réflexion amorcée en 2010 « pour remettre à plat les approches théoriques et les méthodes de travail » (p. 9) dans les études de mobilier non céramique, et plus particulièrement sur la question de la représentation de ce type d’objets.

 

       Au sommaire (p. 5-7) succèdent un avant-propos dans lequel la genèse et les objectifs de l’ouvrage sont détaillés (p. 9-10), et une introduction (p. 11-13) qui rappelle le caractère éminemment visuel de l’archéologie et questionne la représentation des objets archéologiques. Le corps de ce guide est composé de quatre parties d’inégales longueurs (respectivement 35, 47, 15 et 15 p.), dont les trois dernières sont ponctuées de quatorze « encadrés » méthodologiques. À la lecture du sommaire, on perçoit clairement le souhait d’exhaustivité et de pédagogie des auteurs, en particulier dans la deuxième partie sur les modes de représentation. Une courte conclusion (p. 125-126) rappelle les enjeux et limites de ce travail. Suit un glossaire (p. 129-130), où il manque peut-être seulement le terme « échelle ». L’ouvrage s’achève sur une bibliographie très complète (p. 131-133).

 

       L’introduction (p. 11-13) est l’occasion d’une réflexion autour de la notion de l’illustration ou de la représentation qui, « même si elle est toujours accompagnée d’un texte, constitue un discours scientifique autonome qui permet de comprendre un objet délicat, de rendre intelligible par sa seule description, surtout lorsque la forme est complexe » (p. 12) et, pourrait-on ajouter, lorsque l’état de conservation (objet brisé, usé ou corrodé) est médiocre.

       

       La première partie, intitulée « La représentation des objets non céramique depuis la fin du XIXe siècle » (p. 11-40), retrace de manière très complète et claire, avec de nombreux documents à l’appui, l’évolution de la perception des objets non céramique et des contextes archéologiques dont découlent leurs modalités de représentation (planches, échelle, technique de reproduction, cohérence scientifique des assemblages, etc.), l’ensemble évoluant au gré des progrès techniques (lithographie, photographie, 3D entre autres). La partie s’achève par quelques mots sur la mise en scène du mobilier archéologique, sous la forme de natures mortes et de vanités, en particulier aux XVIIIe et XIXe siècles, et aujourd’hui dans le cadre de la valorisation des collections archéologiques, « l’objectif de ces représentations [étant] d’évoquer des thématiques à l’aide du mobilier sans pour autant lui donner une représentation scientifique » (p. 39).

 

       La deuxième partie, intitulée « Les modes de représentation du mobilier archéologique non céramique aujourd’hui » (p. 41-92), passe en revue – comme son titre l’indique – les diverses manières de représenter un objet : image photographique brute ou interprétée et radiographie d’une part, dessin plastique ou épuré et schématisation d’autre part. Pour chacun les auteurs présentent le principe (ou la définition), les cas dans lesquels il convient de le mettre en œuvre (sous la forme d’une liste) et la mise en œuvre (ou l’application). Des encadrés (cf. infra) complètent et illustrent le propos. Si leur nombre et leur contenu ne sont pas à discuter, il faut noter qu’ils représentent environ 60 % de la partie (29,5 pages, contre 22,5 pages de texte) et rendent parfois la lecture difficile. Ainsi les figures 53 à 55 (p. 72) se retrouvent-elles isolées entre plusieurs encadrés. Peut-être aurait-il fallu les regrouper en fin de partie ou même d’ouvrage, ce qui aurait sans doute renforcé l’aspect « guide » ?

 

       La troisième partie, intitulée « Règles, normes et conventions » (p. 93-108), « propose des conventions adaptées aux différents modes de représentation présentés précédemment [lors de la table ronde de Valbonne], qu’elles soient issues du dessin ou de la photographie » (p. 93). Les trois premières sous-parties définissent, toujours avec d’excellentes illustrations, les conventions d’orientation et de dessin orthographique, des coupes, des sections et des « vues en T ». La quatrième, accompagnée d’un encadré, définit ce qu’est une échelle et expose « certains principes [qui] peuvent être retenus dans le[ur] choix » (p. 101). La cinquième aborde « le cas des objets altérés » dont les parties manquantes peuvent être restituées par des tirets. La sixième aborde les « éléments particuliers : décors et autres » qui peuvent nécessiter une échelle de représentation plus petite, « être extraits pour faciliter leur compréhension et en proposer une interprétation » (p. 103). La septième et dernière aborde « l’organisation des planches » qui peuvent être d’inventaires (« regroupements selon différents critères, comme la structure, la phase chronologique, l’unité stratigraphique ou la catégorie fonctionnelle », p. 104) ou typologique (« objets de même nature », p. 104).

 

       La quatrième et dernière partie, intitulée « Le choix du mode de représentation approprié » (p. 109-123), rappelle qu’« aucune [technique de représentation] n’est exclusive à un type d’artefact mais [que] toutes présentent des avantages et des inconvénients qui les rendent plus ou moins adaptées aux différents objets, selon leurs formes et les matériaux qui les composent » (p. 109). Un tableau (p. 109) présente de manière synthétique ces avantages et inconvénients. Les auteurs détaillent ensuite pour chacun des « types d’objets et matériaux » (objets métalliques, en verre et émaux, en matériaux organiques ou en terre cuite) ce qu’il convient ou non de faire et quel(s) choix sont les plus indiqués. Choix qui « est également déterminé par la diversité du corpus à représenter, l’objectif de l’étude et […] ses contraintes » (p. 117) (état de conservation des objets, contraintes financières et moyens de l’étude, compétences et appétences de l’auteur, rédaction d’un protocole).

 

       Dans la conclusion, les auteurs rappellent que toutes les techniques abordées dans le guide ne seront sans doute pas mises en œuvre tout le temps et par tous, et que « la première démarche de l’archéologue consiste, bien souvent, à choisir la méthode d’illustration qui est le plus adaptée » (p. 125) suivant les critères évoqués plus haut. Ils n’oublient pas d’évoquer les vues tridimensionnelles, dont le coût et les contraintes logiciels – entre autres – limitent leur emploi. Si la microtomographie (citée) reste réservée à des objets exceptionnels ou complexes, la photogrammétrie (citée) ou la lasergrammétrie (non citée) sont, elles, bien plus développées aujourd’hui et presque aussi facilement mises en œuvre que la photographie classique. C’est bien davantage à un délai d’édition long plutôt qu’à un oubli des auteurs – dont la préférence pour le dessin manuel est assumée – que l’on doit la phrase « la photogrammétrie, en plein développement […] » (p. 126) (c’était vrai au début des années 2010). Cela étant, il faut surtout retenir que le dessin et la photographie d’objet « contiennent une dose de subjectivité » (p. 126) et que « le perfectionnisme est l’ennemi de la précision » (p. 126), car après tout, « le résultat obtenu, s’il n’a pas valeur d’un reflet totalement exact de la réalité physique, doit néanmoins permettre de reconnaître l’objet, et plus particulièrement de l’intégrer dans une série typologique » (p. 126).

 

       Les encadrés, au nombre de quatorze, sont inégalement répartis entre les parties et évidemment absents de la première, leur rôle étant d’exemplifier la théorie. Ils abordent tous les aspects du sujet : le matériel photographique et des logiciels utilisés, la mise en place de l’objet avant dessin ou photographie, la chaîne opératoire du dessin qu’il soit manuel ou réalisé à partir de photographies et enfin les échelles de représentation (taille réelle, réduction ou agrandissement). Les informations données sont claires et témoignent de la pédagogie des auteurs. Les nombreuses illustrations assurent la bonne compréhension de chaque encadré ; elles se suffisent parfois elles-mêmes.

 

       Sur la forme, on notera quelques coquilles résiduelles dans les appels bibliographiques : une virgule (note 5, p. 9), l’initiale du prénom de l’auteur (note 50, p. 32 ; note 57, p. 35), et al. qui n’est pas en italique (note 86, p. 60 ; note 94, p. 66 ; note 98, p. 74 ; note 106, p. 94 ; note 112, p. 104). Ce qui est bien peu au regard de l’intéressant contenu et de la valeur pédagogique de ce guide.

 

       Si le papier autant que les illustrations sont de bonne qualité, le format A4 et la couverture souple ne sont peut-être pas des plus adaptés au maniement d’un guide, tandis que la mise en page est des plus regrettables… Une fois la page de couverture – alléchante – tournée, le sommaire laisse une désagréable impression visuelle, à cause principalement du soulignage des titres des encadrés. Les marges latérales sont réduites à tout juste 1 cm (contre 1,6 à 2 cm dans la majorité des publications [revues, monographies, actes] d’autres éditeurs) ; cela a sans doute permis de réduire le nombre de pages, mais n’offre pas un grand confort de lecture… Alors que le texte général est réparti en deux colonnes, ce qui a le mérite d’aérer la présentation, celui des encadrés occupe étonnamment toute la largeur de la page ; c’est ainsi que l’on se noie dans les pages 90 et 91 de l’encadré 13.

 

 

Table des matières

 

Introduction, p. 11

Une disciple visuelle

La représentation du mobilier archéologique non céramique

 

I. La représentation des objets archéologiques depuis la fin du XVIe siècle, p. 15

1.1. Les antiquaires de la fin du XVIe siècle au début du XIXe siècle, p. 15

1.1.1. Les « musées de papier » et l’illustration naturaliste au XVIIe siècle, p. 16

Le Museo Cartaceo

Paul Petau

Jean-Jacques Chifflet et le mobilier funéraire de Childéric

1.1.2. Le siècle des Lumières et la première moitié du XIXe siècle, p. 20

De L’Antiquité expliquée en Figures de Bernard de Montfaucon au Recueil des antiquités de Caylus

La représentation en volume

1.2. Du milieu du XIXe siècle au XXe siècle, p. 23

1.2.1. L’arrivée progressive d’un dessin scientifique de l’objet en archéologie, p. 23

La naissance du dessin industriel

La lente diffusion de certains codes du dessin industriel au dessin d’objet en archéologie

Évolution des pratiques du dessin dans la seconde moitié du XIXe siècle

La normalisation et les premiers ouvrages consacrés au dessin d’objets

1.2.2. L’apparition des techniques photographiques, p. 34

Les débuts de la photographie et l’archéologie

Photographie et mobilier archéologique

La radiographie en archéologie

1.2.3. Le mobilier archéologique mis en scène, p. 36

Nature morte et vanité

Des objets archéologiques dans la nature

La mise en scène dans la valorisation des collections archéologiques

 

II. Les modes de représentation du mobilier archéologique non céramique aujourd’hui, p. 31

2.1. L’image photographique et ses dérivés, p. 41

Principe général

Mise en œuvre

2.1.1. La photographie brute, p. 42

Principe

Dans quel cas l’utiliser ?

Mise en œuvre

Avantages et inconvénients

Encadré 1 : Le matériel photographique, p. 44

2.1.2. La photographie interprétée, p. 52

Principe

Dans quel cas l’utiliser ?

Mise en œuvre

Encadré 2 : Le numériseur à plat : avantages et inconvénients, p. 53

2.1.3. La radiographie, p. 54

Principe

Encadré 3 : Prise de vue d’un objet selon plusieurs [sic] vues organisées, p. 55

Encadré 4 : Reconstituions d’un objet incomplet symétrique, p. 55

Dans quel cas l’utiliser ?

Mise en œuvre

2.2. Le dessin et ses dérivés, p. 58

Principe

Dans quel cas l’utiliser ?

Mise en œuvre

Encadré 5 : Orientation d’une fibule, p. 61

2.2.1. Le dessin plastique, p. 62

Principe

Dans quel cas l’utiliser ?

Mise en œuvre

Encadré 6 : Dessiner le contour d’un objet / Prises de mesures au pied à coulisse, p. 64

Encadré 7 : Dessin plastique d’une fibule exécuté à la main, p. 68

Encadré 8 : Photographier ou scanner un objet pour le représenter ?, p 73

2.2.2. Le dessin épuré, p. 74

Principe

Dans quel cas l’utiliser ?

Mise en œuvre

2.2.3. La schématisation, p. 75

Principe

Dans quel cas l’utiliser ?

Mise en œuvre

Encadré 9 : Précautions à prendre lors de la manipulation, de l’étude ou de la représentation des objets, p. 77

Encadré 10 : Le dessin : encrage informatique ou manuel ?, p. 77

Encadré 11 : Dessiner sur un logiciel de dessin vectoriel d’après une image scannée ou photographiée (exemple effectué sur Illustrator CS6), p. 81

Encadré 12 : Dessiner sur un logiciel de retouche photographique d’après une image scannée ou photographiée (exemple effectué sur Photoshop CS6), p. 83

Encadré 13 : Dessin un objet complexe (une épée) à l’aide d’un logiciel de dessin vectoriel ou de retouche photographique (Photoshop), p. 87)

 

III. Règles, normes et conventions, p. 93

3.1. La représentation orthographique, p. 93

3.2. Orienter l’objet et choisir les vues à réaliser, p. 95

3.3. Coupes, sections et « vues en T », p. 96

3.4. Les échelles, p. 98

Encadré 14 : Les échelles, p. 100

3.5. Le cas des objets altérés, p. 101

3.6. Le traitement des éléments particuliers : décors et autres, p. 103

3.7. L’organisation des planches, p. 104

Les planches inventaires

Les planches typologiques

 

IV. Le choix du mode de représentation approprié, p. 109

4.1. Types d’objets et matériaux, p. 110

4.1.1. Les objets métalliques, p. 110

4.1.2. Les objets en verre et les émaux, p. 112

4.1.3. Les objets en matériaux organiques, p. 114

4.1.4. Les objets en terre cuite, p. 116

4.1.5. Les objets en matériaux composites, p. 116

4.2. Objectifs et contraintes de l’étude, p. 117

4.2.1. L’état de conservation des objets, p. 119

4.2.2. L’accessibilité des collections, p. 119

4.2.3. Les contraintes financières et les moyens alloués à l’étude, p. 120

4.2.4. Les compétences techniques et appétences de l’auteur, p. 121

4.2.5. Rédaction d’un protocole, p. 121

Encadré 15 : Rédiger un protocole de représentation du mobilier archéologique, p. 123

 

V. Conclusion, p. 125

 

VI. Glossaire, p. 129

 

VII. Bibliographie, p. 131