Antoniadis, Vyron: Tabula Imperii Romani, J 34-Athens: Epirus, p. 78, maps 8, ISBN : 978-960-404-308-8, 20 €
(Academy of Athens, Athens 2016)
 
Recensione di Maria Noussis, Université Libre de Bruxelles
 
Numero di parole: 1025 parole
Pubblicato on line il 2018-02-06
Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3058
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          Le présent volume de la Tabula Imperii Romani s’inscrit dans le programme d’étude de l’Académie d’Athènes à propos de la Grèce à l’époque romaine (Map J-34). L’ouvrage de V. Antoniadis complète ce vaste programme d’établissement d’un catalogue historico-topographique en analysant la présence romaine dans l’actuelle périphérie de l’Épire, située au nord-ouest de la Grèce et comprenant les districts régionaux d’Ioannina, de Thesprotie, d’Arta et de Preveza. La région est considérée dans ses limites actuelles. Elle se distingue en cela de la province romaine du même nom qui, elle, comprenait également l’Acarnanie jusqu’à l’embouchure de l’Achéloos et une partie de l’Albanie actuelle jusqu’aux monts Acrocérauniens, ainsi que les îles de Corfou et d’Ithaque. Du point de vue chronologique, l’ouvrage entend couvrir la période allant de la victoire romaine lors de la bataille de Pydna à la fin du Ve siècle de notre ère.

 

         L’auteur présente en premier lieu une bibliographie exhaustive suivie d’une présentation historique de la région grâce à un passage en revue des sources antiques la mentionnant. La partie centrale de l’ouvrage offre, comme attendu, un index des sites ayant fourni des vestiges, même ténus, datés de l’époque romaine. L’auteur divise l’ouvrage en quatre parties correspondant au territoire des principales ethnies qui occupaient l’Épire, à savoir la Molossie, la Thesprotie, la Cassopée et l’Ambracie. La partie au sud du golfe ambracique n’est toutefois pas intégrée, tout comme les îles ioniennes, qui seront traitées dans le volume correspondant, pas plus que la Chaonie qui est de nos jours en territoire albanais. Enfin, la publication est complétée par une carte orographique, une carte pour le territoire de chaque ethnie ainsi que trois cartes spécifiques des sites ayant fourni des vestiges plus abondants, à savoir Nicopolis, Ladochori et la vallée du Cocytus.

 

         Le répertoire des sites recensés est relativement complet et l’on ne peut regretter d’oubli important puisque sont repris, aux côtés des sites majeurs abondamment étudiés, des sites mineurs dont certains n’ont pas encore fait l’objet de fouilles systématiques. Néanmoins, un examen attentif de la bibliographie fournie par l’auteur pour chacun des sites examinés laisse apparaître certaines omissions, qui sont toutefois minimes. Ainsi, par exemple, la découverte à Sykies, au cours des prospections de N. Hammond de céramique, datée par ce dernier de l’époque romaine (N. G. L. Hammond, Epirus. The Geography ; the Ancient Remains ; the History and the Topography of Epirus and Adjacent area, Oxford, 1967, p. 140), n’est pas mentionnée alors que le site est répertorié (p. 26). Également, dans la description des vestiges de Valanidousa (p. 48), l’on ne trouve pas mention des deux bornes milliaires publiées par D. K. Samsaris (Η Άκτια Νικόπολις και η χώρα της [Νότια Ήπειρος-Ακαρνανια] : Ιστορικογεωγραφική και επιγραφική συμβολή, Thessalonique, 1994). De plus, l’auteur ne fait pas référence à certains sites, tels que le cimetière de Parapotamos où certaines des tombes datent de l’époque romaine (Riginos,  AD 47 (1992) B1, Χρονικά, p. 359) , ou encore les deux stèles à inscriptions tardo-romaines en remploi dans la fontaine du village de Nounesati (Dakaris, Cassopaia and the Elean colonies, Athènes, 1972, p. 143-144 ; Vlachopoulou-Oikonomou, Επισκόπηση της τοπογραφίας της Αρχαίας Ηπείρου . Νομοί Ιωαννίνων - Θεσπρωτίας και Νότια Αλβανία, Ioannina, 2003, p. 168) mais peut-être s’agit-il d’une omission volontaire puisque le premier site est occupé de manière continue depuis la période hellénistique jusqu’à l’époque protobyzantine et que, pour le deuxième cas, les stèles ne sont pas in situ.

 

         Par ailleurs, certains lieux sont repris sous le nom de la ville ou du village principal le plus proche, ce qui rend difficile la recherche d’un endroit précis au moyen de son nom propre (par exemple, le site connu sous le nom de Paleogoritsa n’est pas repris en tant que tel mais sous le nom de Konitsa, alors que le village de Konitsa en lui-même n’a pas fourni d’indices d’occupation à la période romaine ; p. 56).

 

         Enfin, l’auteur affirme dans l’introduction qu’il mentionnera les sites de l’antiquité tardive mais qu’il exclura les monuments religieux pour ne pas interférer avec l’œuvre du volume de la Tabula Imperii Byzantini consacré à la même région. Il nuance cependant en disant que ne seront repris que les édifices paléochrétiens en relation directe avec des traces d’occupation d’époque romaine. Or, force est de constater que la mention de sites paléochrétiens côtoyant des vestiges romains semble aléatoire. En effet, certains bâtiments religieux protobyzantins sont pointés (ainsi, la basilique du VIe siècle à Kostakioi est citée aux côtés du pavement en mosaïque daté de la période romaine, p. 25),  alors que d’autres, situés sur le même site que des vestiges romains antérieurs mentionnés, sont passés sous silence. C’est entre autres le cas pour les basiliques d’Agios Georgios à Doliana (p. 51) ou de Vatiai-Kastri (p. 28) ; ces constructions pourraient ne pas avoir été évoquées parce qu’éloignées des éléments auxquels l’auteur se réfère. Dans les cas susmentionnés, l’hypothèse ne peut cependant être retenue compte tenu de la proximité physique entre les éléments romains cités et les ruines protobyzantines. Il aurait été intéressant de faire connaître au lecteur, sans fournir de détails, l’existence des bâtiments tardo-impériaux pour faciliter la compréhension de l’occupation diachronique de certains sites qui semblent avoir été utilisés sans interruption. Cette omission entrave malheureusement quelque peu la perception de la relation topographique entre les vestiges d’époque romaine et les monuments qui sont mentionnés dans la Tabula Imperii Byzantini.

 

         On notera cependant la présentation fournie des sites majeurs dont certains n’ont pas encore fait l’objet de publications exhaustives ou de monographies, comme l’habitat côtier de Ladochori près d’Igoumenitsa (p. 67-69). Chaque secteur est systématiquement repris, décrit et individuellement complété par la bibliographie correspondante.  Par son excellente documentation et par une bonne connaissance de la région étudiée,  l’ouvrage constitue un tournant dans la connaissance de cette portion de la province d’Épire ancienne, qui demeure, en dehors des sites majeurs tels que Nicopolis, peu étudiée, surtout à l’époque romaine. Il serait heureux de voir de telles publications se multiplier pour d’autres régions.

 


N.B. : Maria Noussis prépare actuellement une thèse de doctorat intitulée "Monuments religieux et mobilier liturgique en contexte : le cas de la province romaine d’Epire ancienne entre l’Antiquité et le début de l’époque byzantine", sous la direction de Mme Catherine Vanderheyde (Université Libre de Bruxelles).