AA.VV.: Butterlin, Pascal - Margueron, Jean-Claude - Muller, Béatrice - Al-Maqdissi, Michel - Beyer, Dominique - Cavigneaux , Antoine (dir.). Mari, ni Est ni Ouest ? Syria, Supplément 2. 2 volumes, 775 p., 220 x 280 mm. ISBN : 978-2-35159-405-6, 45 €
(Beyrouth, Presses de l’Ifpo 2014)
 
Compte rendu par Daniel Bonneterre, Université du Québec
 
Nombre de mots : 3564 mots
Publié en ligne le 2015-09-22
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2575
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          Les 31 articles publiés en deux volumes dans la collection Supplément de la revue Syria sont le fruit d’un colloque tenu à Damas en 2010. Ils établissent une sorte de bilan et une présentation des résultats des différentes campagnes de fouilles menées sur le site de Tel Hariri/ Mari depuis 1933 jusqu’en 2004. Le titre de la publication évoque par son intitulé prémonitoire un déchirement annoncé, marqué à la fois par une catastrophe humaine et par la destruction de nombreux sites archéologiques. Dans le contexte du désastre dans lequel le pays est enfoncé, les contributeurs ont choisi de réunir leurs contributions (en français et en anglais ainsi qu’en arabe) autour d’une opposition majeure qui tourne autour de l’identité de l’antique cité du moyen Euphrate. Ils ont souhaité faire un état des lieux sur l’histoire de la Syrie mésopotamienne à l’âge du bronze en accordant à l’archéologie une place centrale.

 

         Le premier volume s’ouvre par une introduction fort brève de l’ancien directeur de la mission archéologique de Tel Hariri/ Mari, J.-C. Margueron. Elle est suivie d’une petite page de présentation collective visant à donner une définition du terme moyen Euphrate. L’ouvrage proprement dit commence par une section intitulée "La ville circulaire et son espace". La question du cadre environnemental est fondamentale, et la compréhension de son organisation urbaine ne l’est pas moins. Le site de Mari ne correspond plus en effet à l’image qu’on s’en faisait voici seulement vingt ans. Les vestiges érodés contribuaient à la confusion, mais surtout sa forme originelle échappait aux fouilleurs. Grâce aux analyses géomorphologiques et aux photos satellites, aux systèmes de datation précis et grâce à la réflexion comparative, il est désormais acquis que la ville fut fondée, comme d’autres, selon un plan bien déterminé de forme circulaire aux débuts du troisième millénaire.

 

         J. W. Meyer approfondit l’analyse des cités circulaires en région à partir d’exemples mieux documentés, notamment celui de Tell Chuera, une cité qui d’ailleurs pourrait bien avoir servi de modèle à Mari, puisqu’elle lui est antérieure de 300 ans.

 

         Dans cette perspective, M. Al-Maqdissi fait un rappel de ce qui constitue le phénomène d’urbanisation depuis le 4e millénaire et s’intéresse particulièrement aux villes à plan géométrique, non seulement les villes circulaires mais aussi les villes carrées comme Habuba Kabira. Au cours du 3e millénaire, on constate le développement d’un grand nombre de cités à l’organisation logique, identifiées comme circulaires, sur plusieurs sites de la plaine syro-mésopotamienne, chacune étant constituée de structures et de voies rayonnantes pour évacuer les eaux. On peut comparer ces cités semblables à Al-Rwada et à Tell Beydar.

 

         B. Muller tente, à travers une quarantaine de pages, de dresser un bilan général de ce qu’il est convenu d’appeler la Ville I. Les dates proposées pour sa fondation voisinent à présent 2950. C’est donc une évolution vers une meilleure compréhension de la chronologie, telle que l’avait comprise H. Gasche, voici 20 ans ! L’importance de la ville de Mari se traduit déjà par ses remparts, ses temples et ses vestiges d’installations, ses ateliers de métallurgie, de taille et de travail du bois et de la céramique.

 

         P. Butterlin, le directeur actuel de la mission, dans la poursuite d’observations inédites d’A. Parrot, s’est livré à une recherche dans le secteur dit du Massif Rouge, secteur qui avait initialement échappé à l’archéologie. La fouille a permis à P. Butterlin de dégager plusieurs niveaux de ce massif bien conservé qui, autrefois, correspondait à une terrasse à but cultuel, donc complémentaire aux installations du centre religieux de la ville dans la foulée des rénovations du Shakkanakku Apil-Kîn, au XXIe siècle.

 

         La contribution de J.-C. Margueron intitulée « l’étrange stratigraphie de la ville 3 », souligne un certain nombre de problèmes méthodologiques qu’en qualité de responsable de secteur de fouille, je ne saurais ignorer. Je me permettrai de rappeler que la fouille de la ville 3 n’a pas abouti à une succession de phases d’occupation cohérentes, la stratigraphie ayant été bouleversée par des intrusions étrangères (fosses à tombes et puits), le tout correspondant à un abandon probant. Peut-être l’auteur aurait, voici vingt ans, pu enregistrer les résultats d’absence de stratigraphie tels qu’ils apparaissaient de façon flagrante. L’interprétation historique et critique des données de l’archéologie, et en l’occurrence celle du fléchissement d’activité du site, a été objet de controverses importantes, et c’est regrettable. D’autant plus que la désaffection du site est vraisemblablement en rapport avec le passage destructeur de Naram-Sin. Les inscriptions royales nous informent que la ville (Texte de la Grande Révolte) fut prise et détruite par le roi d’Akkad, vainqueur d’un certain Migir-Dagan, roi de Mari. La prise violente de Mari entraîna une restructuration de l’espace central. L’édification de bâtiments officiels imposants, respectant de nouveaux principes, motivant des modifications considérables par rapport au modèle initial, ne fut par conséquent que très lente.

 

         W. Abu-Azizeh et S. Rey ont choisi de mettre en évidence l’importance des fortifications sur le site. Leurs fouilles ont permis d’identifier de larges sections de rempart dont l’épaisseur variait entre 7 m et 8,30 m. Ces dimensions sont surprenantes. Manifestement, elles s’inscrivent d’une part dans le contexte d’insécurité qui caractérise les activités militaires de la ville de Mari, mais aussi, d’autre part, dans un contexte où la ville reste une puissance capable de mobiliser des moyens économiques impressionnants.

 

         La section 2 traite des aspects géopolitiques. A. Archi ouvre cette partie en offrant un résumé de l’histoire de Mari centré en particulier sur les relations Ebla-Mari, avant l’empire akkadien. L’auteur expose avec netteté les éléments historiques permettant de saisir l’importance géopolitique de Mari ; car cette dernière va réaliser, en partie grâce à des alliances avec Kish, des poussées expansionnistes entre la fin du XXVe et le début du XXIVe siècle s’achevant par de sévères représailles de la part d’Akkad.

 

         M. G. Biga se penche justement sur l’histoire des relations entre Ebla et Mari à cette période, les deux cités étant ouvertement en concurrence dans plusieurs champs de l’économie. M.-G. Biga définit les produits qui sont la base du commerce, notamment la précieuse huile d’olive. L’auteure étudie ensuite la question des métaux dont a besoin l’Égypte de la VIe dynastie. Après un rappel du contexte de l’évolution urbaine régionale et une évocation assez intéressante du motif d’établissement sur un lieu vénérable (rocher sacré), R. Dolce cherche à définir ce qui, aux niveaux urbains et iconographiques, constitue le discours propre de la royauté. Plusieurs thèmes symboliques sont récurrents dans les corpus de Mari et d’Ebla. Alors qu’Ebla semble très représentative par ses activités cultuelles, Mari se distingue par la monumentalité de son Palais, siège du pouvoir royal. La résidence du monarque, entourée de sanctuaires puissants, fait ostensiblement corps avec le religieux pour former une « enceinte sacrée ». À l’intérieur, sculptures des princes régnants et sculptures des membres de l’élite s’affichent pour fournir un objet d’étude sans pareil, les souverains se signalant par des coiffes distinctes (tiares, chignons) symboles d’un pouvoir spécifique : roi-prêtre, roi-guerrier, etc. Il reste aussi les plaques sur os qui, montrant des scènes de soldats vainqueurs, armés de lances, conduisant des captifs, présentant des décapitations et affichant des pillages, symbolisent la victoire des armées du roi.

 

         J. Oates examine les relations existantes entre trois sites majeurs : Mari, Nagar et la question délicate de Qatara/Qatna. Si la documentation signale sans ambiguïté que le site de Tell Brak fut le domaine de « la Maîtresse de Nagar », une cité éphémère (elle n’allait pas se relever de sa destruction par Yahdun-Lim), le site de Tell Rimah, (domaine privé de la souveraine Iltani), constitue un royaume moins bien connu. La documentation concernant cette ville (publiée par S. Dalley) ne permettant pas (contra D. Charpin) une identification indiscutable.

 

         L’étude de Y. Gallet et ses collaborateurs a pour objet de mettre en évidence une technique d’archéométrie, encore provisoire, comme élément contributeur à la datation.

 

         J. L. Montero Fenollós, à partir de fouilles menées dans la vallée de Khanuqa, propose de mettre en relation le système de défense de Mari au Bronze ancien avec un site dont les imposants vestiges de remparts ont récemment (2008-2010) été mis au jour.

 

         Pour clore cette partie, O. Rouault assure une présentation de la documentation livrée par le site de Terqa. L’auteur rappelle, d’une part, le rôle important de la ville dans le domaine religieux, puisque la vallée était le domaine du dieu Dagan, et d’autre part, la fonction économique du lieu situé stratégiquement dans la vallée reliant Ebla à Mari. Les fouilles récentes conduites par l’auteur ont notamment eu pour objectif de remonter aux fondations de la ville. Mais les sondages n’ont pas permis de livrer d’informations très détaillées sur le niveau antérieur à 2600-2500. En revanche, la mise au jour de sépultures remarquables, datées 2500-2400, contenant un mobilier de style oriental proche de la Mésopotamie voire de l’Elam, offre un intérêt particulier en ce qu’il confirme l’influence jouée par cette région. Pour la période suivante comme à Mari, les excavations successives des sépultures et des fosses ont considérablement bouleversé la stratigraphie laissant la période des Shakkanakku dans l’ombre.

 

         La section 3 traite de l’économie et de l’administration palatiale. J.-C. Margueron, dans un article liminaire, s’attaque à la question de définir ce qu’est un palais à l’époque. L’auteur place son interrogation entre la documentation textuelle et celle des traits architecturaux significatifs. L’approche est commode, mais elle élude les dimensions humaines. Or éluder les arguments anthropologiques, les besoins des populations antiques (question de résidence, de représentation du pouvoir, d’organisation sociale, de coutumes) ne permet pas d’offrir une réponse satisfaisante au problème posé. Ce que l’auteur nomme rapidement l’habitat royal est dans la réalité du Proche-Orient ancien, pas simple à définir. Ne faut-il pas toujours garder en tête le caractère nomade très affirmé des monarques orientaux, une caractéristique également présente jusque dans la France d’Ancien Régime ?  Quoi qu’il en soit, pour l’auteur, il importe de redéfinir les fonctions de l’édifice palatial puisque celui-ci serait voué à de multiples activités techniques et non spécifiquement régaliennes. Différents arguments sont évoqués pour expliquer que le terme de « palais-manufacture » serait préférable à tout autre. Il faut, je pense, s’opposer à cette nouvelle terminologie, pour plusieurs raisons. La première, c’est que le palais est fondamentalement une entité politique centrée sur le monarque (le palais est, pourrait-on dire, sa coquille), la seconde, c’est que les temples et les sanctuaires constituaient une couronne sacrée autour du souverain et formaient un écrin, une enceinte sacrée. La troisième raison est que les ateliers, comme les lettres de Mari ne cessent de le rappeler, ne constituaient qu’une partie complémentaire et accessoire du palais. Une manufacture est, du reste, une réalité historique distincte ; elle suggère des moyens, des mécaniques, de l’industrie et des capitaux. Or rien de cela n’apparaît à l’intérieur du palais de Mari. Certes, dans ses faubourgs, plusieurs types d’ateliers mobilisaient une population servile nombreuse qui travaillait la laine et préparait les repas ordinaires et la bière indispensable. Des spécialités, comme le travail des coquilles, de l’os ou des pierres, ou encore celui du métal devaient se situer bien à l’écart des lieux d’habitation. Enfin, la documentation textuelle de Mari mentionne à plusieurs reprises que les bons ouvriers se déplacent de ville en ville, ce qui pose problème aux autorités qui ont la plus grande difficulté à retenir les bons artisans.

 

         Concernant justement les textes, A. Cavigneaux présente plusieurs tablettes cunéiformes issues des dernières fouilles. Ce sont des textes de rations ainsi que des textes lexicaux datés de l’époque des Shakkanakkus principalement. Malgré le mauvais état de conservation de ces textes, l’œil exercé de l’épigraphiste aura pu révéler parmi les réalités architecturales du palais l’existence d’une écurie pour les attelages royaux. L’auteur livre, comme souvent, de belles et utiles données complétant et corrigeant celles des anciens épigraphistes.

 

         W. Sallaberger reconsidère dans une étude fouillée le dossier des textes présargoniques publiés par D. Charpin. Il montre aussi l’importance des magasins et des réserves, celle de la boulangerie à l’intérieur du palais, et plus généralement offre une nouvelle présentation de l’histoire de la région, en observant au passage malicieusement la déception de certains devant des faits qui ne se plient pas « aux données archéologiques ».

 

         L. Colonna d’Istria et H. Criaud livrent conjointement un article en deux parties, l’une archéologique et l’autre épigraphique, avec pour objectif d’établir la relation entre le palais et la terrasse du Temple aux lions à l’époque des Shakkanakkus, en rendant compte à travers la stratigraphie des différents niveaux d’occupation. Il est aussi question des vestiges d’une tour rectangulaire. L. Colonna d’Istria pour sa part traite des documents issus de l’administration du palais à l’époque Shakkanakku. Ces textes de rations alimentaires, a priori sans grand intérêt, établissent un synchronisme intéressant avec la documentation de Drehem/Puzriš-Dagan, le grand centre d’élevage de bestiaux du Sud mésopotamien de l’époque. Plusieurs individus, vraisemblablement des messagers, sont nommément identifiés en ce qu’ils reçoivent leurs repas dans le palais de Mari. D’autres individus, tels ces forgerons et ces ouvriers du métal, et encore ces charpentiers, reçoivent pareillement selon leur rang des quantités variables de bière et de pain. Il faut louer l’étude des mesures de capacité et celle des noms de mois qui sont d’une grande précision, ce qui permet à l’auteur d’établir sur un plan historique la continuité des pratiques administratives depuis l’époque sargonique jusqu’à celle des Shakkanakkus.

 

         D. Charpin présente l’état des publications actuelles du corpus mariote, en particulier grâce à la base de données Archibab. L’auteur revient sur un texte publié en 1994 par M. Bonecchi et A. Catagnoti qui serait en fait une des très rares lettres du roi Zimri-Lim. Comme ce texte concerne à la fois l’administration des terres et les droits qui y sont attachés, elle est pour l’auteur une occasion de publier une lettre inédite A 1307 et de présenter un dossier sur l’exercice de la justice et du droit avec des renvois à ses articles sur les édits royaux.

 

         A. F. Taraqji, à partir de vestiges de métiers à tisser et de pièces de marqueterie découverts sur le site de Tell Sakka, l’auteur évoque la permanence de l’artisanat de la Damascène.

 

         Pour clore cette seconde partie, E. Vila s’est penchée sur la question de l’âne domestique en Syrie à l’occasion de la mise au jour d’un squelette entier d’équidé. Découverte aux côtés d’un squelette humain, la carcasse osseuse de l’âne pose problème. On comprend que l’auteure n’a pas souhaité s’étendre sur les circonstances de la fouille, ce qui lui permet d’insister sur un point remarquable : l’individu serait le plus ancien équidé connu en Syrie.

 

         Dans le volume 2, la section 4 comprend six articles ayant pour sujets les temples et les tombes. La première contribution, celle de G. Buccellati et M. K. Buccellati s’attache à comprendre pourquoi certaines cités du Haut-Pays, telles Urkish et Nagar, présentent des traits identitaires bien distinctifs en regard de la ville de Mari. Les auteurs s’intéressent aux temples-terrasses, monuments cultuels, qui se caractérisent par leurs méthodes de construction, des monuments dont l’origine remonterait aux Dynasties Archaïques mais qui sont restés en usage jusqu’à la période mitannienne.

 

         J.-C. Margueron reprend, de nouveau, les arguments présentés plus haut pour tenter une approche de définition du temple-manufacture. Il n’y a pas lieu de s’appesantir sur le sujet.

 

         P. Matthiae montre à travers une série d’exemples de temples et de palais du Bronze ancien les similitudes qui existaient notamment pour répondre à des rituels communs comme ceux entourant la royauté, afin de répondre à des exigences cérémoniales.

 

         D. Beyer, grâce sa connaissance du dossier sur plus de vingt ans, assure la présentation des temples de Mari, temple de Ninni-Zaza, temple de Ninhursag, la Haute-Terrasse et le temple aux lions, le temple du Seigneur du Pays, et… d’évoquer encore les difficultés stratigraphiques rencontrées.

 

         J. Nassar présente une réflexion anthropologique sur les espaces funéraires de Mari. Son étude s’intéresse aux gestes posés lors de l’inhumation. Le dossier, antérieurement mal mené, était à reprendre de fond en comble avec méthode. L’auteure parvient ainsi à définir non seulement une norme dans les pratiques funéraires, mais également une évolution visible.

 

         Dans la même perspective, A. Otto se penche sur les tombeaux en pierre en relation avec le temple d’Ishtar datés du Dynastique Archaïque II. L’auteure observe que ce sont des sépultures réservées aux élites, peut-être même des princes. Ces tombeaux en pierre ne sont pas le propre de Mari, mais appartiennent à une tradition cultuelle dont on trouve les traces dans le Nord-Ouest syrien.

 

         La dernière section 5 comprend quatre contributions consacrées à la statuaire. La première, celle de P. Butterlin et C. Lecompte, est fort instructive en regard de l’évolution de pratiques religieuses locales et des manipulations d’images. Elle rapporte la mise au jour dans la cella du Temple du Seigneur du Pays d’une « cachette » composée d’un lot de statuettes masculines en pierre, sévèrement mutilées, couchées face à terre, dépourvues de bras et de pieds, le nez brisé et les yeux retirés. On comprend que ces statues (représentations humaines de princes ?) ont été déposées avec un soin relatif, dans une fosse votive, à proximité du Massif Rouge, comme pour les neutraliser. Tout comme si l’on ne souhaitait plus les voir intercéder à l’intérieur du sanctuaire.

 

         Dans la même veine, S. Cluzan et C. Lecompte analysent en détail une des pièces majeures de la statuaire de Mari, celle de l’intendant Ebih-il, découverte pratiquement intacte. Les deux auteures attirent l’attention sur la position singulière de l’intendant et sur la dédicace, signes de dévotion à Ishtar et reflet de son rang élevé.

 

         F. Pinnock s’intéresse principalement aux figures du pouvoir issues des temples. Elle met en évidence dans sa contribution des signes distinctifs correspondant à une affirmation du pouvoir entre le Dynastique archaïque II et le Dynastique archaïque III où un style syrien tend à se manifester plus nettement.

 

         Assez proche de la contribution précédente, celle de J.M. Evans présente une collection de pièces de sculptures à destination des temples qui se définissent comme réalistes. L’auteur attire l’attention sur la richesse et la variété extraordinaire de la statuaire accumulée en ce lieu. Les statues de Mari semblent effectivement former un corpus cohérent et classique, et distinctement sexué ; la statuaire féminine entrant en complémentarité manifeste avec les figures masculines.

 

         Dans la section 6, des résumés en arabe sur 73 pages viennent clore la publication.

 

         À part quelques fautes de typographie et une erreur de disposition de figures (p. 13, farther, pour further ; p. 73, « Alors que ce point est au cœur du ce colloque » ; p. 412, 18-19 « Cet passage », et une photo de squelette d’âne qui ne semble pas à sa place : figure 4, p. 610), les deux volumes sont soigneusement édités. Une contribution d’importance, au total.

 

 

 

Sommaire

 

Volume 1

Liste des contributeurs    VII

Avant-propos    1

Margueron (J.-Cl.), Introduction générale    3

Margueron (J.-Cl.), Al-Maqdissi (M.), Butterlin (P.), Caramelo (F.), Márquez Rowe (I.), Montero Fenollós (J.-L.) & Muller (B.), Pour une définition du moyen Euphrate    5

 

I – La ville circulaire et son espace

Margueron (J.-Cl.), Mari, ville circulaire    9

Meyer (J.-W.), The Round Cities: Foundation and Development. A view from Tell Chuera    13

Al-Maqdissi (M.), IV-Matériel pour l’étude de la ville en Syrie. Propos sur la ville en Syrie aux époques anciennes    27

Muller (B.), La Ville I de Mari : un bilan 1933-2004    43

Butterlin (P.), Recherches au Massif Rouge, données nouvelles sur le centre monumental de Mari et son histoire    81

Margueron (J.-Cl.), L’étrange stratigraphie de la Ville III    111

Abu-Azizeh (W.) & Rey (S.), Fortifications et topographie urbaine à Mari : recherches archéologiques dans la Ville Est (chantiers N3, N4, N5 et V1). Résultats préliminaires    125

 

II – Aspects géopolitiques

Archi (A.), La situation géopolitique de la Syrie avant l’expansion d’Akkad    161

Biga (M.-G.), Encore à propos des rapports entre les royaumes de Mari et d’Ébla à l’époque présargonique    173

Dolce (R.), The Language of Kingship at Mari and Ebla in the Third Millennium BC: A Comparative Approach    183

Oates (J.), Mari, Nagar and Qatara/Karana    207

Gallet (Y.) et al., Exemples de chronologie archéomagnétique à Mari/Tell Hariri    217

Montero Fenollós (J.-L.), Mari et le verrou de Khanuqa : frontière politique et territoire aux IIIe et IIe millénaires av. J.-C.    231

Rouault (O.), Le moyen Euphrate vu depuis la région de Terqa au IIIe millénaire av. n. ère    247

 

III – Économie et administration palatiale

Margueron (J.-C.), Mari, Ville II : Palais ou temple-manufacture ?    265

Cavigneaux (A.), Nouveaux textes de Mari Ville II (campagnes 1998 à 2007)    291

Sallaberger (W.), Urban Organizations for Offerings, Overland Traffic and the Euphrates Trade at Pre-Sargonic Mari    341

Colonna d’Istria (L.) & Criaud (H.), Résultats archéologiques et nouvelles données épigraphiques : Le chantier Palais Sud 2 (2006-2008)    355

Charpin (D.), « Si quelqu’un fait appel à toi, sois présent ! ». Les interventions royales dans la vie économique et juridique à Mari    407

Taraqji (A. F.), Tissage et marqueterie en Damascène au IIe millénaire av. J.-C.    421

Vila (E.), L’âne domestique en Syrie : réflexions sur les données nouvelles de Mari    425

 

Volume 2

IV – Temples et tombes

Buccellati (G.) & Kelly-Buccellati (M.), ... Nor North: The Urkesh Temple Terrace    439

Margueron (J.-Cl.), Le temple-manufacture de Ville II : Questions d’architecture et de stratigraphie    463

Matthiae (P.), Temples et palais d’Ébla protosyrienne et le problème de l’unité architecturale de la Syrie au Dynastique archaïque final    483

Beyer (D.), Les temples de Mari. Bilan de 20 ans de travaux au chantier G (1990-2010)    517

Nassar (J.), Éléments pour une réflexion sur les espaces funéraires infra-urbains de Mari    541

Otto (A.), Les tombeaux en pierre du temple d’Ishtar et les relations de Mari avec la section septentrionale du moyen Euphrate au DA III    587

 

V – Approches culturelles et artistiques

Butterlin (P.) & Lecompte (C.), Mari, ni Est, ni Ouest, et les statuettes de la cachette du temple du « Seigneur du Pays »    605

Cluzan (S.) & Lecompte (C.), Le nu-banda Ebiḫ-Il. Nouvelles perspectives historiques    629

Pinnock (F.), The Image of Power at Mari between East and West    675

Evans (J. M.), Beyond the Borders of Tradition: Dedicatory Sculpture at Mari    691

 

VI – Résumés en arabe