Chamay, Jacques: Antiquité. 184 articles de presse. Avec l’Association Hellas et Roma. 16,5 X 23,5 cm, 528 p., ISBN : 9782832106365, 40.00 CHF.
(Slatkine, Genève 2014)
 
Compte rendu par Anastasia Painesi
 
Nombre de mots : 870 mots
Publié en ligne le 2016-11-15
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2500
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          L’ouvrage de Jacques Chamay, « Antiquité. 184 articles de presse. Avec l’Association Hellas et Roma. 16,5 X 23,5 cm, 528 p., ISBN : 9782832106365, 40.00 CHF. (Slatkine, Genève 2014) », constitue un recueil d’articles parus dans la Tribune des Arts entre 1979, année de sa fondation, et 2007.

 

         Jacques Chamay, dont le don de vulgarisation est loué par Lorenz Baumer dans la préface, s’intéresse aux cultures antiques grecque, étrusque et romaine, et à toute forme d’expression artistique de chacune de ces sociétés.

 

         L’auteur a notamment  consacré 41 articles à la sculpture, 33 à la céramique et 22 aux objets en métal, sans négliger ni la peinture ni la mosaïque[1]. La majeure partie des œuvres présentées provient du fonds ou des nouvelles acquisitions du Musée d’art et d’histoire de Genève. Dans certains cas, Chamay présente aussi des objets appartenant à des collectionneurs privés genevois[2]. À travers de courts textes d’abord publiés dans la Tribune des Arts, l’auteur permet aux lecteurs de découvrir les collections publiques et privées d’antiquités de Genève.

 

         Axe central de l’analyse, l’œuvre d’art constitue le tremplin idéal pour la présentation de techniques et disciplines antiques telles que la botanique, la médecine, la parfumerie, l’orfèvrerie, la frappe de monnaies et la production des supports d’écriture[3]. L’évocation de mythes[4], ainsi que de textes antiques[5], témoignages contemporains des objets présentés, enrichit cette étude de détails précieux.

 

         La connaissance actuelle du monde antique doit la majeure partie de ses progrès aux fouilles effectuées en Grèce, en Italie, en Turquie et en Europe Continentale, à la fin du XIXe et tout au long du XXe siècle. Ces découvertes ont suscité l’intérêt de spécialistes du monde entier. Par leur étude approfondie et minutieuse des objets mis au jour, ces derniers ont renouvelé le regard porté jusqu’alors sur les sociétés antiques. Dans sa volonté de leur rendre hommage, Jacques Chamay a dédié des articles à des chercheurs de renommée internationale tels J.D. Beazley, K. Schefold, W. Deonna et A.D. Trendall, mais aussi à des collectionneurs (L. Pollak et V. Price), et à des marchands d’œuvres d’art antiques (G. Fallani)[6].

 

         Les œuvres d’art sont désormais reconnues comme témoignages concrets de la vie quotidienne et des us et coutumes liés notamment à la politique, à la guerre et au culte. Le regard de Chamay se concentre essentiellement sur l’art de la table et les habitudes alimentaires en général, la beauté et le soin du corps, la parure et les vêtements, la musique et le sport, la guerre et les conflits[7]. Néanmoins, son intérêt s’étend aussi aux conditions de vie de certains groupes de la population plus vulnérables, comme les femmes, les enfants et les handicapés[8].

 

         Certains des articles sont consacrés à des artistes et auteurs antiques célèbres, comme Lysippe et Eschyle, sans oublier des femmes artistes illustres comme Timarété, fille de Micon, et Hélène d’Alexandrie[9]. Des monuments célèbres, tels l’Héphaïstéion à Athènes et le temple de Zeus à Olympie, ainsi que des statues monumentales profondément admirées depuis la Renaissance, telles Laocoon et le torse du Belvédère, font partie des œuvres mises en valeur par J. Chamay[10].

 

         À partir du style et des particularités picturales des artistes antiques, l’auteur centre ses textes sur la question de l’esthétique. Chamay porte notamment son intérêt sur l’association entre beauté et utilité, fréquente dans l’Antiquité, illustrant son propos par l’exemple si représentatif des vases grecs. La place des objets antiques dans le monde actuel est aussi mise en valeur par l’auteur. L’intégration d’une œuvre d’art antique dans un contexte moderne, la combinaison des matériaux datés de diverses époques pour la conception de nouvelles créations, mais aussi les méthodes actuelles de conservation et d’exposition dans le milieu muséal[11] sont exposées avec le plus grand soin au regard des lecteurs.

 

         L’utilisation d’une langue simple et précise rend les textes de Jacques Chamay accessibles au grand public et efface les barrières créées par le vocabulaire académique, habituellement utilisé dans ce type d’ouvrage. À travers une courte mention du contexte historique et des conditions sociales prédominantes à l’époque de la création de l’œuvre d’art, l’auteur donne de précieuses leçons d’histoire, de mythologie, de littérature antique et d’histoire de l’art. Il prouve ainsi que le monde de l’Antiquité n’est pas exclusivement réservé aux spécialistes et connaisseurs du grec ancien et du latin, mais à toute personne séduite par les cultures du passé. Les rares coquilles et l’absence de références concernant la majorité des textes antiques d’un grand intérêt évoqués par l’auteur ne sauraient altérer l’excellence du travail de Jacques Chamay.

 

 


[1]p. 32-34, 152-155, 223-225, 299-301, 327-329.

[2]p. 45, 95-96, 101-102.

[3]p. 41-43, 136-138, 235-237, 241-246, 365-367, 379-381, 402-404, 418-421, 457-458, 474-476, 516-518.

[4]p. 37-40, 55-56, 72-74, 103-105, 179-180, 477-479.

[5]p. 75-77, 114-115, 145-147,309-310,422-423,471-473.

[6]p. 67-69, 148-151, 171-172, 185-187,226-228, 314-316, 411-413, 505-506.

[7]p. 48-51, 99-100, 106-107, 121-122, 127-128, 176-178, 268-270, 299-301, 336-338, 459-460, 510-512.

[8]p.90-92, 95-98, 110-111, 173-175, 357-359.

[9]p. 44-47, 75-77, 142-144.

[10]p. 132-133, 202-205, 274-277, 382-386.

[11]p. 25-28, 65-66, 258-264, 287-290, 373-375, 387-390, 395-398, 431-433, 483-485.