Mahmoud Saad Abdel Naby, Heba - Dixneuf, Delphine: Catalogue of the Faculty of Arts Museum, Alexandria University 1 : Islamic Pottery Part I, Etudes Alexandrines 28, 80 p. (en anglais), 71 p. (en arabe), 40 pl. en couleur. ISBN 978-2-11-12984914-1, 40 €
(Centre d’études alexandrines, Alexandrie 2013)
 
Compte rendu par Mélisande Bizoirre, École du Louvre
 
Nombre de mots : 630 mots
Publié en ligne le 2013-11-06
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2009
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          Cet ouvrage assez court, bilingue anglais-arabe, constitue une première contribution à l’étude des collections du musée de la faculté des arts d’Alexandrie, musée né en 1945, rénové après le tremblement de terre de 1992, rouvert en 2007, mais fermé depuis pour des raisons de sécurité. Il est le fruit de la collaboration entre un universitaire égyptien, Heba Mahmoud Saad Abdel Naby, spécialiste de l’histoire mamluke, et Delphine Dixneuf, qui a publié en 2011 sa thèse sur les amphores égyptiennes de l’époque copte et des débuts de l’Islam.

 

          La collection de céramique islamique du musée de la faculté des Arts d’Alexandrie est assez modeste : une centaine d’œuvres, essentiellement des tessons, provenant de fouilles menées en Égypte dans le seconde moitié du XXe siècle (en grande partie à Fustat et Alexandrie). Les lampes à huile et les filtres de gargoulette ne font pas, jusqu’à présent, l’objet d’une publication propre, qui  devrait advenir ultérieurement.

 

          Dans le catalogue, deux œuvres attirent l’œil au premier abord : en premier lieu, un lustre fatimide remarquable, une coupe presque complète représentant un dromadaire portant un palanquin, accompagné de deux oiseaux, le tout en réserve sur un fond d’enroulements spiralés ; ensuite, un intéressant fragment mamluk imitant les céladons, témoignage des échanges entre Chine, monde iranien et monde égyptien aux XIVe-XVe siècles. Pour le reste, le livre recense essentiellement des tessons de facture égyptienne, souvent des fonds de coupes ou de bols, datables entre la période fatimide et la période mamluke, tous glaçurés. Ils sont classés en sept catégories inégales, reposant à la fois sur la technique et la chronologie : lustre (8 objets), splashware (3), pièces fatimides incisées sous glaçure monochrome (5), sgraffiatos mamluks (51), céramiques peintes à l’engobe (5), céramiques peintes sous glaçure (17), imitation de céladon (1). Une huitième catégorie s’y ajoute : celle des pièces d’importation, qu’elles proviennent du monde islamique (Syrie, Espagne, Turquie ottomane), de l’empire byzantin ou de la Chine. Les lustres iraqiens, en revanche, prennent place aux côtés des objets égyptiens, soulignant ainsi la liaison technique et stylistique entre monde abbasside et monde fatimide.

 

          Le texte reste très factuel. Une préface de Jean-Yves Empereur et Mona Haggag retrace dans les grandes lignes l’historique du musée et des collections, puis une brève introduction s’arrête plus précisément sur les céramiques islamiques, et donne quelques éléments historiographiques sur les deux principaux sites de provenance des tessons. Chaque catégorie bénéficie d’une à deux pages d’explication, avant un catalogue rigoureux, très descriptif. On remarque avec plaisir la mention, pour chaque œuvre, de parallèles avec des objets de référence. Datations comme analyses s’appuient sur une bibliographie classique mais solide, qui n’ignore pas les ouvrages récents ; les auteurs restent la plupart du temps dans la suite de travaux déjà existants. Ils se montrent même d’une grande prudence lorsqu’ils ne tranchent pas sur l’origine de deux tessons lustrés (n° 2 et n° 3) qui semblent pourtant assez facilement rattachables au monde abbasside.

 

          L’iconographie de l’ouvrage est particulièrement soignée. Chaque pièce est illustrée par au moins deux photographies (une de face, une de revers), et souvent accompagnée d’un schéma de restitution de la forme générale de l’objet. Les auteurs ont particulièrement insisté sur les marques de potiers ou d’atelier, et en proposent presque systématiquement des détails, ce qui est très appréciable.

 

          Quelques développements supplémentaires, quelques synthèses sur les ateliers de potiers, les calligraphies ou les blasons qui ornent un grand nombre de pièces mamlukes auraient pu donner plus de sens et de cohérence à la collection. Une analyse scientifique des pâtes et des glaçures aurait également pu enrichir l’ouvrage de manière utile. Néanmoins, on saluera dans ce catalogue un ouvrage sérieux et solide, sans doute fort intéressant pour tout chercheur étudiant la céramique égyptienne.